Il a 5 ans, peut-être 6. Il avance d'un pas rapide. Il court presque. Il est seul. Aucun adulte à ses côtés ni même dans les parages.
- T'es tout seul?
Il jette un regard étonné.
- Ben oui!
Il est vêtu d'un tee-short trop grand pour lui et d'un bermuda informe. Il se gratte les cheveux toutes les 10 secondes. Il est pieds nus.
- Tu vas où, comme ça?
- Là-bas!
- Où ça, “là-bas“?
- Chez les livres!
Du doigt, il montre un vieux wagon, tagué de toutes les couleurs, posé au beau milieu d'un terrain vague.
On est à Bangkok, derrière la gare centrale, un des terrains de chasse favoris des 70.000 enfants des rues de la capitale thaïlandaise. Ils y dorment à même les trottoirs, y mendient, s'y prostituent pour quelques baths et tentent de survivre en échappant aux gangs, aux enlèvements des groupes mafieux et aux meurtres pour un oui pour un non.
Pour eux, la vie est un enfer permanent et le seul lieu où ils peuvent souffler, où ils peuvent respirer, où ils peuvent rêver en paix un instant comme des gamins de leur âge, c'est ce mystérieux wagon abandonné.
Les plus grands la nomment avec respect "La bibliothèque“.
Les plus petits disent, avec des étoiles dans les yeux, que c'est "chez les livres"...
- T'es tout seul?
Il jette un regard étonné.
- Ben oui!
Il est vêtu d'un tee-short trop grand pour lui et d'un bermuda informe. Il se gratte les cheveux toutes les 10 secondes. Il est pieds nus.
- Tu vas où, comme ça?
- Là-bas!
- Où ça, “là-bas“?
- Chez les livres!
Du doigt, il montre un vieux wagon, tagué de toutes les couleurs, posé au beau milieu d'un terrain vague.
On est à Bangkok, derrière la gare centrale, un des terrains de chasse favoris des 70.000 enfants des rues de la capitale thaïlandaise. Ils y dorment à même les trottoirs, y mendient, s'y prostituent pour quelques baths et tentent de survivre en échappant aux gangs, aux enlèvements des groupes mafieux et aux meurtres pour un oui pour un non.
Pour eux, la vie est un enfer permanent et le seul lieu où ils peuvent souffler, où ils peuvent respirer, où ils peuvent rêver en paix un instant comme des gamins de leur âge, c'est ce mystérieux wagon abandonné.
Les plus grands la nomment avec respect "La bibliothèque“.
Les plus petits disent, avec des étoiles dans les yeux, que c'est "chez les livres"...
“Chez les livres...”
C'est en 1999 que Jarumporn Suramanee en a eu l'idée.
Un brave homme que ce Jarumporn. Chef de la surveillance des chemins de fer de Bangkok, il n'en pouvait plus de voir tous ces enfants errer dans la gare, dormir sous les wagons, sniffer de la colle et mendier.
Mais comment les aider? Que faire, avec ses petits moyens et son coeur gros comme ça?
Il y réfléchit des nuits et des nuits et un matin, il l'annonça haut et fort. C'était décidé! L'amoureux des livres qu'il était, allait monter une bibliothèque gratuite rien que pour ces gamins! Une bibliothèque où ils pourraient venir librement et quand ils voudraient.
Oui. Une bibliothèque!
Naturellement, au début, on lui rit au nez.
Une bibliothèque pour enfants des rues? Sérieux? Une bibliothèque? Alors que ces pauvres gosses, abandonnés par leurs familles ou orphelins, n'ont, pour la plupart, jamais été à l'école et ne savent même pas ce qu'est un livre! Mdr!
Mais Jarumporn s'accrocha à l'idée. Il la défendit partout bec et ongles. Et non seulement il réussit à convaincre une bonne dizaine de ses collègues de le rejoindre dans ce projet, mais il parvint aussi à obtenir des Chemins de fer de Thailande, qu'ils lui mettent à disposition un vieux wagon et un bout de terrain!
Trop fort, Jarumporn! Et bel instinct aussi!
Un brave homme que ce Jarumporn. Chef de la surveillance des chemins de fer de Bangkok, il n'en pouvait plus de voir tous ces enfants errer dans la gare, dormir sous les wagons, sniffer de la colle et mendier.
Mais comment les aider? Que faire, avec ses petits moyens et son coeur gros comme ça?
Il y réfléchit des nuits et des nuits et un matin, il l'annonça haut et fort. C'était décidé! L'amoureux des livres qu'il était, allait monter une bibliothèque gratuite rien que pour ces gamins! Une bibliothèque où ils pourraient venir librement et quand ils voudraient.
Oui. Une bibliothèque!
Naturellement, au début, on lui rit au nez.
Une bibliothèque pour enfants des rues? Sérieux? Une bibliothèque? Alors que ces pauvres gosses, abandonnés par leurs familles ou orphelins, n'ont, pour la plupart, jamais été à l'école et ne savent même pas ce qu'est un livre! Mdr!
Mais Jarumporn s'accrocha à l'idée. Il la défendit partout bec et ongles. Et non seulement il réussit à convaincre une bonne dizaine de ses collègues de le rejoindre dans ce projet, mais il parvint aussi à obtenir des Chemins de fer de Thailande, qu'ils lui mettent à disposition un vieux wagon et un bout de terrain!
Trop fort, Jarumporn! Et bel instinct aussi!
Gamins émerveillés...
Car, contre toute attente, dès l'ouverture de la Bibliothèque pour enfants des rues, ceux-ci vinrent en nombre.
Par curiosité au début. Mais très vite par passion!
- Cà les fascine, raconte Jarumporn! Dès qu'on se met à leur lire un livre, leurs yeux s'écarquillent, ils sont comme hypnotisés. Ca les fait rêver, mais ça leur ouvre aussi l'esprit sur d'autres réalités. Ca leur fait entrevoir d'autres avenirs. Ca leur donne une pêche pas possible! C'est eux qui nous demandent ensuite de leur apprendre à lire!
Aujourd'hui, la bibliothèque des enfants des rues de Bangkok s'est agrandi et occupe trois wagons. Ce sont plus de 30 bénévoles, tous employés des Chemins de fer, qui la font fonctionner. Et plusieurs centaines de gosses des rues la fréquentent, des étoiles pleins les yeux.
C'est pas une belle histoire, çà?
Bien à toutes et à tous et que vivent les livres et les Lumières!
A partager le plus largement possible, mes amies et amis!
Partager, c'est déjà agir.
Pierre MARTIAL
Pour lire d'autres épisodes de LA METEO DES PAGES, c'est ICI...
Par curiosité au début. Mais très vite par passion!
- Cà les fascine, raconte Jarumporn! Dès qu'on se met à leur lire un livre, leurs yeux s'écarquillent, ils sont comme hypnotisés. Ca les fait rêver, mais ça leur ouvre aussi l'esprit sur d'autres réalités. Ca leur fait entrevoir d'autres avenirs. Ca leur donne une pêche pas possible! C'est eux qui nous demandent ensuite de leur apprendre à lire!
Aujourd'hui, la bibliothèque des enfants des rues de Bangkok s'est agrandi et occupe trois wagons. Ce sont plus de 30 bénévoles, tous employés des Chemins de fer, qui la font fonctionner. Et plusieurs centaines de gosses des rues la fréquentent, des étoiles pleins les yeux.
C'est pas une belle histoire, çà?
Bien à toutes et à tous et que vivent les livres et les Lumières!
A partager le plus largement possible, mes amies et amis!
Partager, c'est déjà agir.
Pierre MARTIAL
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