Il a 29 ans quand la Première Guerre mondiale éclate en 1914 et, de santé fragile, il est réformé d'office.
Pourtant, Roland Dorgelès, jeune écrivain montmartrois, fera tout pour pouvoir, lui aussi, partir défendre son pays et ce qu'il croit être la liberté.
Par deux fois, il est recalé par les services de l'armée et par deux fois, il se représente en tant qu' engagé volontaire.
Finalement accepté, il part, “la fleur au fusil” rejoindre ses compagnons et ses amis déjà au front.
C'est là qu'il va découvrir, jour après jour, l'absurdité de cette ”sale guerre” et sa terrifiante réalité: ces 700 kilomètres de tranchées dans lesquelles survivent, comme ils peuvent, pris sous des tirs d'obus incessants, des centaines de milliers de soldats, au milieu de la boue, des rats, des ordures, de la vermine et des corps en décomposition.
Dans sa tête ou sur des bouts de papier, le jeune Roland note tout ce qu'il voit, tout ce qu'il vit, comme pour conjurer la mort si présente, comme pour mettre une distance entre ce qu'il vit et ce qu'il n'arrive pas à croire possible, tellement tout cela est absurde et terrifiant à la fois.
Autour de lui, certains pleurent, d'autres rigolent à tout bout de champ, d'autres invoquent leur mère et l'appellent au secours, d'autres sombrent peu à peu dans la folie. Certains s'enivrent avec cet alcool bon marché, que l'on appelle “le monte-en-ligne” et qui est généreusement distribué par le commandement...
Pourtant, Roland Dorgelès, jeune écrivain montmartrois, fera tout pour pouvoir, lui aussi, partir défendre son pays et ce qu'il croit être la liberté.
Par deux fois, il est recalé par les services de l'armée et par deux fois, il se représente en tant qu' engagé volontaire.
Finalement accepté, il part, “la fleur au fusil” rejoindre ses compagnons et ses amis déjà au front.
C'est là qu'il va découvrir, jour après jour, l'absurdité de cette ”sale guerre” et sa terrifiante réalité: ces 700 kilomètres de tranchées dans lesquelles survivent, comme ils peuvent, pris sous des tirs d'obus incessants, des centaines de milliers de soldats, au milieu de la boue, des rats, des ordures, de la vermine et des corps en décomposition.
Dans sa tête ou sur des bouts de papier, le jeune Roland note tout ce qu'il voit, tout ce qu'il vit, comme pour conjurer la mort si présente, comme pour mettre une distance entre ce qu'il vit et ce qu'il n'arrive pas à croire possible, tellement tout cela est absurde et terrifiant à la fois.
Autour de lui, certains pleurent, d'autres rigolent à tout bout de champ, d'autres invoquent leur mère et l'appellent au secours, d'autres sombrent peu à peu dans la folie. Certains s'enivrent avec cet alcool bon marché, que l'on appelle “le monte-en-ligne” et qui est généreusement distribué par le commandement...
Fosses creusées à la va-vite, sous la mitraille et dans la boue...
Première édition " Les croix de bois" - Albin Michel - 1919
Roland Dorgelès reviendra miraculeusement vivant - et indemne - de cet innommable enfer.
Revenu à la vie civile et alors que les autorités organisent d'interminables festivités patriotiques pour célébrer la "victoire“ et l'armistice, lui n'aura de cesse d'écrire, jour et nuit, ce qu'il a vu, ce qu'il a vécu et ce qui s'est vraiment passé. Pour témoigner face à l'éternité au nom de ce million et demi de jeunes Français morts dans les tranchées en d'innommables souffrances.
Il intitulera son livre “Les croix de bois”, comme ces centaines de milliers de croix bricolées, qu'on plantait, ici et là sur le front, au dessus des fosses creusées à la va-vite sous la mitraille et dans la boue pour enterrer au fur et à mesure les milliers de jeunes soldats qui mouraient chaque jour au front.
Publié en 1919 par les éditions Albin Michel, “Les croix de bois” deviendront très vite un livre-référence et seront couronnées par le Prix Femina.
Ce livre est resté, à travers les époques et un siècle plus tard, un témoignage aussi exceptionnel que saisissant, véridique et profondément émouvant.
Roland Dorgelès, qui s'était réinstallé à Montmartre après la guerre, a publié plusieurs dizaines d'autres livres.
Accepté en 1929 à l'Académie Goncourt, il en est devenu le Président en 1954.
Il est mort le 18 mars 1973, sans avoir jamais pu oublier ce qu'il avait vu et vécu lors de la grande guerre, ni les camarades de tranchées auxquels il avait fermé les yeux en leur tenant la main pour la toute dernière fois...
Pierre Martial
Ecrivain, journaliste
“Les Croix de bois“ (Editions Albin Michel - Livre de poche) .
A partager le plus largement possible, mes amies et amis!
Partager, c'est déjà agir.
PS: je dédie cet article à mon grand-oncle, appelé au front en 1914 à l'âge de 20 ans et qui finit sa courte existence, fauché par un obus, au fond d'une tranchée... Maudite soit la guerre et hommage à toi, du fond du coeur...
- [Pour lire quelques autres de mes nouvelles ou articles, c'est ICI...
- Pour mieux me connaitre, c'est là...
Revenu à la vie civile et alors que les autorités organisent d'interminables festivités patriotiques pour célébrer la "victoire“ et l'armistice, lui n'aura de cesse d'écrire, jour et nuit, ce qu'il a vu, ce qu'il a vécu et ce qui s'est vraiment passé. Pour témoigner face à l'éternité au nom de ce million et demi de jeunes Français morts dans les tranchées en d'innommables souffrances.
Il intitulera son livre “Les croix de bois”, comme ces centaines de milliers de croix bricolées, qu'on plantait, ici et là sur le front, au dessus des fosses creusées à la va-vite sous la mitraille et dans la boue pour enterrer au fur et à mesure les milliers de jeunes soldats qui mouraient chaque jour au front.
Publié en 1919 par les éditions Albin Michel, “Les croix de bois” deviendront très vite un livre-référence et seront couronnées par le Prix Femina.
Ce livre est resté, à travers les époques et un siècle plus tard, un témoignage aussi exceptionnel que saisissant, véridique et profondément émouvant.
Roland Dorgelès, qui s'était réinstallé à Montmartre après la guerre, a publié plusieurs dizaines d'autres livres.
Accepté en 1929 à l'Académie Goncourt, il en est devenu le Président en 1954.
Il est mort le 18 mars 1973, sans avoir jamais pu oublier ce qu'il avait vu et vécu lors de la grande guerre, ni les camarades de tranchées auxquels il avait fermé les yeux en leur tenant la main pour la toute dernière fois...
Pierre Martial
Ecrivain, journaliste
“Les Croix de bois“ (Editions Albin Michel - Livre de poche) .
A partager le plus largement possible, mes amies et amis!
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PS: je dédie cet article à mon grand-oncle, appelé au front en 1914 à l'âge de 20 ans et qui finit sa courte existence, fauché par un obus, au fond d'une tranchée... Maudite soit la guerre et hommage à toi, du fond du coeur...
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