© D.R
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis barricadé dans ce grenier, ni si je pourrai m'en échapper un jour... Je ne veux pas le savoir...
A quoi bon?
Dans ce genre de situation, aussi dramatique que sidérante, il faut se comporter comme en haute montagne, accroché à flanc de roche à plusieurs centaines de mètres au-dessus du vide, par une simple corde.
Ne regarder ni en bas, ni en haut. Ni derrière soi, ni devant soi. Juste vivre ici et maintenant. Et apprivoiser l'incertitude. S'en faire une amie, une compagne. Redécouvrir celle qui, en réalité, a toujours fait partie intégrante de notre vie, - de la Vie -, mais qu'on on a trop souvent eu tendance à oublier, à nier, à dénier.
A quoi bon?
Dans ce genre de situation, aussi dramatique que sidérante, il faut se comporter comme en haute montagne, accroché à flanc de roche à plusieurs centaines de mètres au-dessus du vide, par une simple corde.
Ne regarder ni en bas, ni en haut. Ni derrière soi, ni devant soi. Juste vivre ici et maintenant. Et apprivoiser l'incertitude. S'en faire une amie, une compagne. Redécouvrir celle qui, en réalité, a toujours fait partie intégrante de notre vie, - de la Vie -, mais qu'on on a trop souvent eu tendance à oublier, à nier, à dénier.
Miroir brisé...
Pour passer le temps - ou pour oublier qu'il existe - je lis nuit et jour tout ce qui me passe entre les mains et qui traine ou trône dans ce vieux grenier poussiéreux, encombré de tout et de rien, mais surtout de livres...
Je lis pour oublier. Avec gourmandise et désespoir. Insatiable curiosité et naive envie de croire qu'un monde a jadis existé.
J'y fais des rencontres aussi improbables que réjouissantes, aussi surprenantes que séduisantes.
J'y découvre de nouvelles sociétés. J'y pénètre de nouveaux mondes. Je me promène à différentes époques. Je vis mille fois ma vie avant que de la perdre. Je lis. Encore et toujours.
"Lire délivre!" dit-on. C'est indéniable. Tout devient plus léger, plus aérien, j'en oublie l'inconcevable présent, je respire mieux, je me surprend même à sourire de nouveau devant le vieux miroir brisé, accroché à une poutre... Tout redevient plus calme, plus serein, plus lumineux...
"La lumière est dans le livre, écrivait Victor Hugo. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner... Laissez-le faire..."
J'écris aussi. Fièvreusement. Névrotiquement. Dramatiquement. Et salutairement tout à la fois.
Pour moi. Ou pour la Postérité.
Si tant est que l'un ou l'autre parvienne à s'en tirer...
Je lis pour oublier. Avec gourmandise et désespoir. Insatiable curiosité et naive envie de croire qu'un monde a jadis existé.
J'y fais des rencontres aussi improbables que réjouissantes, aussi surprenantes que séduisantes.
J'y découvre de nouvelles sociétés. J'y pénètre de nouveaux mondes. Je me promène à différentes époques. Je vis mille fois ma vie avant que de la perdre. Je lis. Encore et toujours.
"Lire délivre!" dit-on. C'est indéniable. Tout devient plus léger, plus aérien, j'en oublie l'inconcevable présent, je respire mieux, je me surprend même à sourire de nouveau devant le vieux miroir brisé, accroché à une poutre... Tout redevient plus calme, plus serein, plus lumineux...
"La lumière est dans le livre, écrivait Victor Hugo. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner... Laissez-le faire..."
J'écris aussi. Fièvreusement. Névrotiquement. Dramatiquement. Et salutairement tout à la fois.
Pour moi. Ou pour la Postérité.
Si tant est que l'un ou l'autre parvienne à s'en tirer...
Ne pas devenir fou
Tous les soirs, à 20 heures frappantes, je me mets à ma lucarne et je bats des mains. Je ne sais ni pour qui, ni pourquoi, mais ça me rassure. Ca me fait du bien. Ca ordonne et donne un sens à mes longues journées d'enfermement.
D'ailleurs je ne suis pas le seul à le faire. On est de plus en plus nombreuses et nombreux à se signaler ainsi. De loin en loin. A travers des fenêtres à demi-ouvertes ou à l'abri des balcons ou des portes-cochères.
Sûrement une manière de s'assurer que le monde existe encore, que la Mort n'a pas fini son oeuvre et qu'on continue à se battre tant qu'on le peut et comme on le peut, ici, là et ailleurs...
Ah cet irrésistible et vital besoin d'être sûr, pour ne pas devenir fou, que malgré les rues désertes et le silence étourdissant, il y a encore, tout près ou très loin, des femmes, des hommes et des enfants encore vivants!
D'ailleurs je ne suis pas le seul à le faire. On est de plus en plus nombreuses et nombreux à se signaler ainsi. De loin en loin. A travers des fenêtres à demi-ouvertes ou à l'abri des balcons ou des portes-cochères.
Sûrement une manière de s'assurer que le monde existe encore, que la Mort n'a pas fini son oeuvre et qu'on continue à se battre tant qu'on le peut et comme on le peut, ici, là et ailleurs...
Ah cet irrésistible et vital besoin d'être sûr, pour ne pas devenir fou, que malgré les rues désertes et le silence étourdissant, il y a encore, tout près ou très loin, des femmes, des hommes et des enfants encore vivants!
Un long silence
Hier, après que les battements de mains eurent cessé et qu'un pesant silence se soit réinstallé, je me suis soudain saisi d'un livre et, je ne sais pas pourquoi, le corps à demi penché sur la rambarde, j'ai commencé à le lire à haute voix, le plus fort possible, comme au théâtre.
J'en ai lu tout le premier chapitre. C'était le "Petit Prince" de Saint Exupéry. Un de mes livres préférés.
Quand j'ai eu fini, il y a eu une sorte de long silence et puis des applaudissements se sont mis à résonner ici et là. "Bravo!" a crié un homme. "Super!" a surenchéri une fille. Ça m'a fait chaud au coeur de voir le bien que pouvait encore faire un livre.
J'ai crié: "On va s'en sortir!".
Et tout de suite après, d'une voix plus basse, j'ai ajouté: "S'il vous plait! Dessinez-moi un mouton!"
Puis j'ai vite refermé la fenêtre et je me suis de nouveau enfermé dans mon grenier, au milieu de mes livres.
Demain, c'est promis, si je suis encore vivant, je leur lirai le chapitre deux...
Pierre Martial
Ecrivain et journaliste
- Pour lire quelques autres de mes nouvelles ou articles, c'est ICI...
- Pour mieux me connaitre, c'est là...
J'en ai lu tout le premier chapitre. C'était le "Petit Prince" de Saint Exupéry. Un de mes livres préférés.
Quand j'ai eu fini, il y a eu une sorte de long silence et puis des applaudissements se sont mis à résonner ici et là. "Bravo!" a crié un homme. "Super!" a surenchéri une fille. Ça m'a fait chaud au coeur de voir le bien que pouvait encore faire un livre.
J'ai crié: "On va s'en sortir!".
Et tout de suite après, d'une voix plus basse, j'ai ajouté: "S'il vous plait! Dessinez-moi un mouton!"
Puis j'ai vite refermé la fenêtre et je me suis de nouveau enfermé dans mon grenier, au milieu de mes livres.
Demain, c'est promis, si je suis encore vivant, je leur lirai le chapitre deux...
Pierre Martial
Ecrivain et journaliste
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